Chapitre 2

 

L’hypothèse de Kahlan était fausse. Les enfants n’avaient rien fait aux volailles.

— Un faucon ? demanda-t-elle.

Richard sonda de nouveau le ciel.

— C’est possible… Peut-être une belette, ou un renard. En tout cas, le prédateur a dû filer avant de dévorer sa prise. Quelqu’un l’aura effrayé…

— Eh bien, ça devrait te rassurer. Il s’agissait seulement d’un carnivore affamé.

Sanglée dans son uniforme rouge, Cara approchait déjà des deux jeunes gens, qu’elle avait immédiatement repérés. Son Agiel – une tige de cuir rouge d’un pied de long apparemment inoffensive – pendait à son poignet au bout d’une chaînette. En cas de danger, il lui suffisait de lever la main pour que cette arme terrifiante vienne se loger dans sa paume en un éclair.

Kahlan lut du soulagement dans les yeux bleus de la Mord-Sith. Sans doute parce qu’elle se félicitait que ses protégés n’aient pas été enlevés par des forces invisibles dès leur sortie de la maison des esprits…

S’il n’avait tenu qu’à elle, la Mord-Sith blonde n’aurait pas quitté d’un pouce le seigneur Rahl et la Mère Inquisitrice. Dans des circonstances aussi exceptionnelles, elle avait consenti à leur laisser un peu d’intimité – et à faire tout son possible pour que personne ne vienne les déranger. Sachant à quel point Cara prenait sa mission de protectrice au sérieux, Kahlan appréciait à sa juste valeur qu’elle leur ait offert un moment de solitude, loin des fâcheux de tout poil.

Loin des fâcheux…

L’Inquisitrice regarda le Sourcier. Voilà pourquoi il s’était inquiété ! Il savait que les enfants ne pouvaient pas être coupables, parce que Cara ne les aurait jamais laissés approcher autant de la maison des esprits, dont la porte n’avait pas de serrure.

— Tu as vu qui a tué le poulet ? demanda Richard avant que la Mord-Sith ait eu le temps de dire un mot.

— Non, seigneur. Quand j’ai accouru, alertée par le bruit, j’ai dû effrayer le prédateur.

D’un coup de tête, Cara renvoya sa tresse blonde dans son dos. Toutes les Mord-Sith portaient leurs cheveux ainsi. En plus de leur uniforme, cela permettait de les reconnaître au premier coup d’œil – et de passer son chemin, si on avait été assez fou pour traîner dans leurs pattes…

— Zedd a-t-il tenté de revenir nous voir ?

— Non, seigneur… Après vous avoir apporté de la nourriture, il a dit qu’il aimerait vous parler, dès que vous seriez… hum… prêts.

— Eh bien, souffla Richard sans cesser de scruter les ombres, nous ne sommes pas prêts. Avant de le voir, nous prendrons un bain. Il y a des sources chaudes, pas très loin d’ici…

— Quelle charmante idée ! rayonna Cara. Je me ferai un plaisir de vous laver le dos.

Richard se pencha pour foudroyer la Mord-Sith du regard :

— Pas question ! Tu te contenteras de le surveiller, compris ?

— Vous voulez que je me rince l’œil, seigneur ? C’est très aimable à vous.

Le Sourcier devint plus rouge que l’uniforme de sa garde du corps.

Kahlan sourit sous cape. La Mord-Sith adorait faire tourner Richard en bourrique. Ses collègues et elle étaient les protectrices les plus irrévérencieuses que l’Inquisitrice eût jamais connues. Les plus efficaces, aussi…

Toutes ces femmes, membres d’une antique secte dévouée à la défense du seigneur Rahl de D’Hara, affichaient une confiance qui faisait bien plus que « friser » l’arrogance. Dès l’adolescence, leur entraînement était d’une incroyable sauvagerie. Ce conditionnement impitoyable faisait d’elles des tueuses qui ignoraient jusqu’à la notion de « remords ».

Jusqu’à très récemment, l’Inquisitrice ignorait presque tout de D’Hara, un mystérieux pays situé à l’est des Contrées du Milieu. Né en Terre d’Ouest, soit beaucoup plus loin de D’Hara, Richard en savait encore moins long qu’elle. Quand Darken Rahl avait lancé ses troupes à l’assaut des Contrées, le Sourcier s’était trouvé mêlé au conflit. Après avoir tué l’ignoble maître de D’Hara, il était parvenu à mettre un terme à la guerre.

Ignorant que Darken Rahl était son père – parce qu’il avait violé sa mère –, le futur Sourcier avait grandi en pensant que George Cypher, le brave homme qui l’avait élevé, était l’auteur de ses jours. Pendant des années, Zedd avait gardé le secret pour protéger sa fille et son petit-fils. Mais après avoir vaincu Darken Rahl, Richard avait enfin tout découvert sur sa filiation.

À présent, il ne savait toujours pas grand-chose de l’empire dont il avait hérité. Et il n’aurait sûrement pas accepté de prendre le pouvoir sans la menace imminente d’une guerre. Car si personne ne l’arrêtait, l’Ordre Impérial réduirait le monde entier en esclavage…

Devenu le nouveau maître de D’Hara, le Sourcier avait immédiatement rendu leur liberté aux Mord-Sith. Aussitôt, elles avaient décidé, qu’il le veuille ou non, de devenir ses fidèles gardes du corps. Autour du cou, attachés à une lanière de cuir, Richard portait les Agiels des deux femmes – à ce jour – qui avaient sacrifié leur vie pour défendre la sienne.

Les Mord-Sith vénéraient le nouveau seigneur Rahl. Pourtant, avec lui, elles, se permettaient l’impensable : plaisanter à ses dépens. Ravies de le taquiner, elles rataient rarement une occasion de le mettre en boîte.

Pour ce « crime » Darken Rahl les aurait fait torturer à mort. Selon Kahlan, leur irrévérence était une façon de rappeler à Richard qu’il les avait affranchies et qu’elles le servaient parce qu’elles le voulaient bien. Privées de jeunesse par les monstres qui les avaient brisées, avaient-elles développé un curieux sens de l’humour que plus rien, aujourd’hui, ne les empêchait de manifester ? Si l’Inquisitrice ignorait la réponse, elle aurait volontiers parié sur cette hypothèse.

Quand il s’agissait de protéger Richard – et Kahlan, depuis qu’il le leur avait ordonné –, ces femmes bravaient la mort avec une telle insouciance qu’on aurait pu croire qu’elles la recherchaient. Mourir dans leur lit, vieilles et édentées, proclamaient-elles, était la seule éventualité qui les effrayât vraiment. Bien entendu, le Sourcier voyait les choses autrement, et il entendait les protéger au moins autant qu’elles le protégeaient.

Plein de compassion pour les Mord-Sith, victimes depuis des siècles de la cruauté de ses ancêtres, il parvenait très rarement à les réprimander. La plupart du temps, il ne se formalisait pas de leurs facéties et encaissait stoïquement leurs piques. Bien entendu, son indulgence les encourageait à aller toujours plus loin dans l’insolence.

Qu’il se soit empourpré à l’idée que Cara joue les voyeuses pendant qu’il prendrait un bain témoignait de son excellente éducation… et lui promettait un bel avenir de victime entre les mains de ses malicieuses protectrices.

Dominant son exaspération, il roula de grands yeux menaçants.

— Puisque c’est ainsi, tu ne verras rien, parce que tu attendras ici !

Kahlan ne douta pas un instant de la suite. Comme elle le prévoyait, Cara éclata de rire et leur emboîta le pas. L’insubordination ne lui posait pas l’ombre d’un problème dès qu’un ordre de Richard lui semblait dangereux pour sa sécurité. À l’instar de ses collègues, elle obéissait quand les directives du Sourcier paraissaient importantes – à condition de ne pas l’exposer plus que de raison.

Quelques pas plus loin, le seigneur Rahl et les deux femmes furent rejoints par une demi-douzaine de chasseurs qui surgirent de l’ombre comme des fantômes. Musclé et très bien proportionné, le plus grand du lot restait plus petit que Kahlan, et Richard les dominait tous de deux bonnes têtes. La poitrine et les jambes enduites de boue, pour mieux passer inaperçus, tous étaient armés d’un arc, d’un long couteau et d’une ou plusieurs lances.

Dans leurs carquois, Kahlan reconnut des flèches « dix-pas ». Il s’agissait donc d’hommes de Chandalen, les seuls, chez le Peuple d’Adobe, qui fussent en permanence équipés de projectiles trempés dans du poison. Plus que de simples chasseurs, ces guerriers d’élite étaient les protecteurs des villageois.

Ils sourirent quand l’Inquisitrice les gifla les uns après les autres – le salut traditionnel, dans leur culture, quand on entendait manifester son respect à quelqu’un.

Kahlan les remercia d’avoir monté la garde si longtemps, puis elle traduisit ses propos à Cara et Richard.

— Tu savais qu’ils s’étaient postés dans les allées pour veiller sur nous ? demanda-t-elle au Sourcier quand ils se furent remis en route.

— J’en avais repéré quatre, souffla Richard. À ma courte honte, les deux autres m’avaient échappé.

Comment les aurait-il vus, pensa Kahlan, puisqu’ils venaient de derrière la maison des esprits ?

La jeune femme frissonna. Elle n’avait pas remarqué un seul de leurs anges gardiens. Les chasseurs parvenaient à se rendre invisibles partout, et c’était encore plus impressionnant dans les plaines !

Tant de gens se donnaient du mal pour assurer leur sécurité… Un jour, il faudrait qu’elle prenne le temps de les remercier.

Cara leur ayant dit que Zedd et Anna étaient quelque part dans le secteur sud-est du village, ils prirent garde à sortir par le côté ouest avant de se diriger plein sud. Sachant qu’ils auraient du mal à passer inaperçus avec leur escorte, ils évitèrent les zones dégagées, où les villageois se rassemblaient déjà, et slalomèrent dans un labyrinthe d’étroites ruelles.

Les rares personnes qu’ils croisèrent les saluèrent, leur tapotèrent le dos ou leur flanquèrent de grandes gifles affectueuses.

Occupés à courir derrière de petites balles de cuir, à se poursuivre ou à traquer des ennemis imaginaires, les enfants grouillaient sans cesse dans les jambes des adultes. Très souvent, de pauvres volailles affolées – promues au rang de proies dans la fièvre du jeu – détalaient en caquetant sur le passage des chasseurs en herbe.

Emmitouflée dans son manteau, Kahlan se demanda comment ces gosses pouvaient courir ainsi dans l’air mordant de la matinée. La plupart étaient torse nu et les plus petits ne portaient pas l’ombre d’un vêtement…

Chez les Hommes d’Adobe, les enfants – même si on veillait sur eux – étaient libres d’aller et venir, et on leur demandait rarement des comptes sur leur comportement. Plus tard, leur formation serait intense, dure et stricte. Alors, on ne leur passerait plus rien…

Libres de vivre leur enfance comme ils l’entendaient, les gamins traînaient partout, et on pouvait compter sur eux pour accourir dès que quelque chose d’inhabituel se produisait. Comme tous les gosses du monde, ils s’émerveillaient d’à peu près tout, et les volailles semblaient les fasciner plus encore que le reste.

Alors que la petite colonne traversait la lisière sud du village, son passage n’échappa pas à l’œil de lynx de Chandalen, le chef des féroces chasseurs. Vêtu de sa plus belle tenue en peau de daim, les cheveux enduits de boue, selon la coutume en vigueur parmi les siens, le guerrier portait sur les épaules la peau de coyote qui témoignait de son nouveau statut. Car il était désormais un des six anciens – un titre honorifique sans rapport avec l’âge – qui présidaient à la destinée du village.

Après un chaleureux échange de gifles, il flanqua une formidable claque sur l’épaule de Richard.

— Comment va mon meilleur ami ? lança-t-il joyeusement. Si tu ne l’avais pas épousée, la Mère Inquisitrice m’aurait sûrement voulu, et je ne pourrai jamais te remercier assez !

Avant que Kahlan traverse la frontière pour aller chercher de l’aide en Terre d’Ouest – et y rencontrer Richard – Darken Rahl avait fait assassiner toutes les autres Inquisitrices. Ultime survivante de cet ordre très ancien, la jeune femme se devait de prendre un époux et d’avoir un enfant. Mais jusqu’à ce que Richard et elle aient trouvé un moyen d’échapper à cette malédiction, aucune Inquisitrice ne s’était jamais mariée par amour. Car son simple contact, au plus fort de la passion, aurait suffi à détruire l’esprit de son bien-aimé.

Pendant des siècles, les femmes comme Kahlan avaient choisi leurs compagnons pour la santé et la force qu’ils pouvaient transmettre à leurs filles. Ensuite, elles les touchaient avec leur pouvoir, les transformant en marionnettes éperdues d’amour. Chandalen n’avait pas voulu offenser la Mère Inquisitrice, mais simplement manifester sa satisfaction d’avoir échappé à ce triste sort.

Dans un éclat de rire, Richard assura qu’il était ravi d’avoir rendu service à un ami… et d’avoir épousé une femme extraordinaire. Puis il jeta un coup d’œil aux six chasseurs et reprit très vite son sérieux.

— Tes hommes ont vu qui a tué le poulet, devant la maison des esprits ?

Seul parmi son peuple à parler la langue du Sourcier et de la Mère Inquisitrice, Chandalen traduisit la question et écouta attentivement les réponses de ses chasseurs. Depuis qu’ils avaient pris leur tour de garde – le troisième et dernier de la nuit – rien de notable ne s’était produit.

Un des plus jeunes hommes, nommé Juni, raconta quand même qu’il avait armé son arc, cherchant à repérer et à tuer l’animal qui venait de massacrer un poulet. L’insultant pour qu’il se montre, au point même de cracher sur son honneur, il n’avait obtenu aucun résultat.

Richard écouta avec intérêt la traduction de Chandalen, qui laissa de côté les plates excuses de Juni. Pour un chasseur, surtout quand il servait sous ses ordres, ne pas voir un intrus, même à quatre pattes, était une faute impardonnable. Et le pauvre Juni, devina l’Inquisitrice, n’avait pas fini d’entendre parler de cette histoire.

Alors qu’ils repartaient, Richard et Kahlan aperçurent l’Homme Oiseau, assis sur une des étranges plates-formes qui servaient entre autres choses de lieu de réunion aux Hommes d’Adobe. Chef des six anciens, et par conséquent de son peuple, ce sage parmi les sages avait présidé au mariage des deux jeunes gens.

Aux yeux de Kahlan, partir pour les sources chaudes sans le saluer et le remercier aurait été de la dernière impolitesse. Partageant sans doute cet avis, Richard guida ses compagnons jusqu’à la structure au toit d’herbe séchée où siégeait l’Homme Oiseau.

Non loin de là, des enfants jouaient bruyamment. Plusieurs femmes en robes bleues, rouges et marron croisèrent la petite colonne sans cesser de bavarder comme des pies. Près des gamins, deux chèvres brunes cherchaient dans la poussière les miettes de nourriture que les humains auraient pu avoir laissées tomber. Même quand elles parvenaient à échapper au harcèlement des enfants, les pauvres bêtes ne semblaient pas parties pour faire un festin. Entre leurs pattes, des volailles picoraient ou s’égaillaient avec force caquètements.

Dans la clairière, les feux de joie agonisaient. Des villageois se massaient encore autour, fascinés par la chaleur et la lueur des braises. Pour eux, ces généreuses flambées étaient une extravagance réservée aux fêtes hors du commun et aux conseils des devins, où il convenait d’accueillir dignement les esprits des ancêtres. Certains de ces Hommes et de ces Femmes d’Adobe avaient dû passer la nuit à contempler les feux. Pour les enfants, ces flammes avaient été une inépuisable source d’émerveillement.

Tous les villageois portaient leurs plus beaux atours, et ils les garderaient jusqu’au coucher du soleil, qui mettrait un terme aux festivités. La veille, en riant aux éclats, des jeunes femmes avaient bombardé Kahlan de questions coquines. Les jeunes hommes, eux, s’étaient contentés de coller aux basques de Richard, ravis de lui sourire et de côtoyer un personnage aussi important.

L’Homme Oiseau portait la tunique et le pantalon en peau de daim dont il semblait ne jamais se séparer. Sa crinière grise cascadant sur ses épaules, il avait autour du cou le fidèle sifflet en os qui lui permettait d’appeler toutes sortes d’oiseaux, selon les sons qu’il modulait. Après une tentative des plus infructueuses, Richard était toujours stupéfait, et admiratif, de voir les volatiles les plus farouches venir se poser docilement sur le bras tendu du vieux sage.

L’Homme Oiseau se fiait aux signes que lui communiquaient ses amis ailés. Selon Kahlan, il les appelait pour savoir ce qu’ils avaient à lui « dire » ou à lui montrer. Cela posé, il savait aussi déchiffrer les signaux émis par les êtres humains. Au point que l’Inquisitrice se demandait parfois s’il ne lisait pas dans les esprits.

Dans les mégalopoles des Contrées, on tenait les habitants du Pays Sauvage pour des barbares adorateurs de faux dieux et totalement ignorants. La jeune femme, bien au contraire, admirait la sagesse pleine de simplicité de ces populations, parfaitement capables d’interpréter les signaux subtils venus de la nature et de toutes les créatures vivantes. Plus d’une fois, elle avait vu des Hommes d’Adobe prédire le temps du lendemain en observant la façon dont le vent faisait onduler les herbes.

Deux anciens, Hajanlet et Arbrin, étaient assis au fond de la plateforme. Les paupières mi-closes, ils regardaient vaguement leur peuple aller et venir dans le village. Arbrin avait posé une main protectrice sur l’épaule du petit garçon roulé en boule à côté de lui, qui suçait encore son pouce en dormant.

Des chopes et des assiettes, presque toutes vides, gisaient un peu partout sur le sol de la plate-forme. Même si certaines boissons étaient corsées, les Hommes et les Femmes d’Adobe savaient s’arrêter avant qu’une fête dégénère en beuverie.

— Bonjour, honorable ancien, dit Kahlan dans la langue de l’Homme Oiseau.

— Bonjour à toi, mon enfant, et fassent les esprits que le soleil, ce matin, se soit levé pour saluer ton bonheur…

L’Homme d’Adobe sourit et tourna de nouveau la tête vers le groupe de villageois qu’il observait. Du coin de l’œil, Kahlan vit Chandalen lorgner les chopes vides, puis adresser à ses hommes un sourire crispé.

— Honorable ancien, dit-elle, Richard et moi voulons vous remercier pour ce merveilleux mariage. Si vous n’avez pas besoin de nous, nous ferions volontiers un tour jusqu’aux sources d’eau chaude.

— Allez y, mais ne traînez pas trop, sinon la pluie chassera la chaleur que vous auront apportée les sources…

Kahlan regarda le ciel, où on ne voyait pas un nuage. Puis elle consulta du regard Chandalen, qui confirma d’un hochement de tête la prédiction de l’Homme Oiseau.

— Si nous restons trop longtemps près des sources, traduisit l’Inquisitrice pour Richard, il pleuvra avant notre retour.

Perplexe, le Sourcier regarda à son tour le ciel.

— Eh bien, dit-il, écoutons son avis, et ne nous attardons pas là-bas.

— Nous ferions bien de partir au plus vite, dit Kahlan à l’Homme Oiseau.

D’un index, le chef des anciens fit signe à l’Inquisitrice d’approcher. Quand elle se pencha en avant, elle vit qu’il observait attentivement les volailles qui grattaient le sol du bout du bec, non loin de là. Alors qu’elle l’écoutait respirer lentement, elle crut qu’il avait oublié ce qu’il voulait lui dire.

Mais il désigna les volailles et lui murmura une phrase à l’oreille.

Kahlan se redressa et regarda également les poules et les poulets.

— Alors, demanda Richard, que t’a-t-il dit ?

D’abord, la jeune femme douta d’avoir bien entendu. Voyant le front plissé de Chandalen et de ses chasseurs, elle comprit qu’elle ne s’était pas trompée.

Devait-elle traduire une chose pareille ? S’il avait un peu trop forcé sur les boissons rituelles, l’Homme Oiseau risquait d’être très embarrassé quand il aurait repris ses esprits.

Richard attendait toujours, sa patience mise à rude épreuve.

Kahlan regarda de nouveau l’Homme Oiseau, qui fixait toujours les volailles en inclinant la tête au rythme de la musique des boldas et des tambours. Elle s’approcha de Richard et souffla :

— Il dit que celui-là, fit-elle en désignant une volaille, n’est pas un poulet…

L'Ame du feu - Tome 5
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